La Vietnam attire des multinationales

Pénalisées par les sévères confinements chinois, de nombreuses multinationales, déjà inquiètes des tensions entre Pékin et Washington, ont décidé d'accélérer la diversification géographique de leurs réseaux de production et activent des usines dans les pays d'Asie du Sud-Est. Apple, Samsung ou encore Pegatron ont choisi le Vietnam.

C'est un symbole fort. Pour la première fois, Apple va faire assembler ses iPads hors de Chine. Si le groupe américain n'a pas encore officialisé cette « délocalisation », il a déjà demandé, selon le quotidien « Nikkei », à ses fournisseurs, notamment à l'assembleur chinois BYD, de se préparer à fabriquer une partie de la nouvelle génération de tablettes de l'entreprise dans leurs usines du Vietnam.

Les stratèges du groupe, à Cupertino en Californie, réfléchissent depuis des années à cette diversification de leurs bases de production du fait notamment de la poussée des tensions géopolitiques et économiques entre Washington et Pékin. En 2020, ils avaient d'ailleurs déjà déplacé au Vietnam la fabrication d'une partie de ses AirPods. Mais la sévérité des confinements imposés par Pékin dans le cadre de sa stratégie « zéro Covid » a poussé les cadres de la marque à accélérer le déménagement d'autres productions à forte valeur ajoutée. « Leur chaîne d'approvisionnement est extrêmement concentrée en Chine », rappelle Trinh Nguyen, une économiste de Natixis spécialisée dans l'Asie émergente. « Apple suit Samsung qui a déjà très largement diversifié ses sites de production , notamment vers le Vietnam », explique-t-elle.

Les analystes remarquent que l'effort de diversification des grandes multinationales est déjà mesurable dans les statistiques de l'économie vietnamienne. En mai, le pays a ainsi affiché l'activité industrielle la plus dynamique de la région : l'indice PMI manufacturier a bondi à 54,7 contre 51,7 en avril. Dans le même temps, cet indice était toujours sous la barre des 50 en Chine, seuil qui marque la différence entre croissance et contraction de l'activité dans les usines. Les exportations vietnamiennes battent aussi des records quand les chinoises stagnent. « Certes le Vietnam est affecté, comme les autres nations de la région, par les confinements en Chine mais il démontre sa grande résilience et valide la pertinence des stratégies de diversification », résume Trinh Nguyen.

Sur l'année, le Vietnam peut maintenant espérer une croissance de son PIB de 6,5 %. Ses voisins d'Asie du Sud-Est, qui récupèrent, eux aussi, une partie des productions qui quittent la Chine (textile, automobile…), anticipent également un fort rebond de leur activité. Pour la première fois depuis plusieurs décennies, le groupe des six plus grandes économies de l'Asean (Indonésie, Thaïlande, Malaisie, Singapour, Philippines, Vietnam) pourrait afficher une croissance supérieure à celle de la Chine. Selon les analystes de Maybank, la poussée du PIB des six économies asiatiques devrait flirter avec les 5 % en 2022 quand l'activité chinoise progressera, au maximum, de 4,5 %.

(Sources info: lesechos.fr & baodautu.vn)

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